Passé un peu inaperçu avec la panne géante de Facebook ce mardi 5 octobre, un autre tremblement de terre secouait le géant de Menlo Park. Une ancienne employée de Facebook, Frances Haugen qui avait transmis plusieurs milliers de pages d’études internes à différents régulateurs américains, passait une audition de près de 16 heures devant la Commission du commerce du Sénat américain.
La lanceuse d’alerte, Frances Haugen fustige les pratiques du réseau social
En mai de cette année, cette employée de 37 ans avait décidé de quitter le réseau social en emportant des milliers de documents sur le Facebook Workplace interne à l’entreprise. Spécialiste des « classements algorithmiques » qui servent à hiérarchiser les contenus sur les plates-formes, elle a une grande expérience dans le secteur de la tech et des réseaux sociaux en étant notamment passée chez Pinterest, Google ou encore Yelp, elle assure que les choses étaient « nettement pires chez Facebook » par rapport à tout ce qu’elle avait vu auparavant. Le média américain, le Wall Street Journal avait publié les informations de la lanceuse d’alerte a ainsi pu révéler que la modération sur Facebook différait selon la popularité des utilisateurs, que des organisations criminelles l’utilisaient ouvertement sans aucune conséquence, ou encore que l’entreprise était au courant qu’Instagram avait un impact néfaste sur la santé mentale des adolescents sans le dévoiler au grand jour. Elle a aussi démontré que l’algorithme du réseau social est pensé pour améliorer la croissance sans vraiment se soucier des conséquences que cela peut avoir.
Une audition qui va laisser des traces
Le témoignage de Frances Haugen est édifiant. Devant le Congrès américain, la lanceuse d’alerte compare Facebook à « l’industrie du tabac » et appelle à sa régulation
« J’ai eu l’impression que, face à des conflits d’intérêts, entre ses profits et la protection des utilisateurs, Facebook choisissait de façon répétée ses profits. » et de continuer «Quand nous avons compris l’ampleur des dégâts causés par l’industrie du tabac, le gouvernement est intervenu. Lorsque nous avons compris que les voitures étaient plus sûres avec des ceintures de sécurité, le gouvernement est intervenu. »
Le Congrès va agir
C’est le message qu’a lancé le sénateur démocrate Ed Markey « L’époque durant laquelle vous avez envahi notre vie privée, promu des contenus toxiques et utilisé des enfants et des adolescents est révolue. « Le Congrès va agir. » « Il est temps. »
La riposte de Facebook
Dans un message publié ce 5 octobre, M. Zuckerberg a défendu son bilan de manière appuyée. « Au cœur de ces accusations se trouve l’idée que nous donnons la priorité aux profits plutôt qu’à la sécurité et au bien-être de nos utilisateurs », écrit-il. Or, continue-t-il, le changement majeur de l’algorithme de Facebook en 2018 « a limité le nombre de vidéos virales dans le fil d’actualité, pour privilégier celles publiées par les amis et la famille – nous l’avons mis en place en sachant pertinemment qu’après ce changement les utilisateurs passeraient moins de temps sur Facebook, mais nos recherches montraient que c’était la bonne chose à faire pour le bien-être des utilisateurs. Est-ce vraiment ce que ferait une entreprise qui place ses profits avant ses utilisateurs ? »
Depuis le scandale de Cambrigde Analytica, l’entreprise tente de redonner confiance à ses utilisateurs. Ces nouvelles révélations et l’immense panne de cette semaine ne sont as bonne augure pour la suite. Les semaines à venir risquent d’être compliquée pour une entreprise qui est déjà sous la loupe et dont certains membres du congrès verrait bien être démantelée.
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