Voilà ce que Laurent Alexandre et Olivier Babeau osent affirmer dans leur dernier essai explosif.
Provocation gratuite ? Peut-être pas.
Dans « Ne faites plus d’études », les auteurs dressent un constat brutal :
L’université est devenue une garderie pour post-adolescents, déconnectée du monde réel, où l’on perd 4-5 ans à accumuler des connaissances que ChatGPT peut produire en 10 secondes.
Leur thèse ? Nous entrons dans l’ère post-universitaire.
🔹 Le diplôme n’est plus qu’une « relique barbare » – un signal social vidé de sa substance 🔹 L’IA rend gratuit et accessible ce que l’université gardait jalousement : le savoir 🔹 Pendant que nos jeunes bachotent, le monde accélère et les distance chaque jour un peu plus
Mais leur vision ne s’arrête pas à la critique.
Ils proposent 8 nouveaux droits fondamentaux pour l’éducation du XXIe siècle :
- Droit à l’accès universel à l’IA éducative (comme l’école gratuite en son temps)
- Droit à l’apprentissage personnalisé (fini le « one size fits all »)
- Droit au professeur-coach humain (mais pour guider, pas pour réciter Wikipédia)
- Droit à la portabilité cognitive (vos données d’apprentissage vous appartiennent)
Et le plus radical : le droit à la neuro-augmentation remboursée par la Sécu.
Oui, vous avez bien lu.
MA RÉFLEXION
J’ai dévoré ce livre avec fascination… et malaise.
Fascination parce que leur diagnostic sur la crise de l’université est redoutablement juste. Malaise parce que leurs solutions risquent d’aggraver ce qu’elles prétendent résoudre.
Quelques angles morts qui me dérangent :
→ Qui peut vraiment « apprendre en autonomie avec l’IA » ? Certainement pas l’élève de milieu populaire sans cadre ni guidance.
→ L’université n’est pas qu’une fabrique d’employables. C’est un lieu de maturation, de socialisation, de construction citoyenne. Que devient tout ça ?
→ Leur vision ultra-utilitariste de l’éducation me glace : tout ramener à l’employabilité et la « performance cognitive », c’est oublier que l’éducation forme des humains, pas des cerveaux augmentés.
→ Sans université publique, qui formera les esprits critiques capables de questionner… ces mêmes IA ?
Le vrai risque : créer une société à deux vitesses cognitives.
- D’un côté, une élite hyper-connectée, coachée, neuro-augmentée
- De l’autre, la masse livrée à des IA commerciales, sans repères ni protection
C’est exactement l’inverse de l’émancipation promise.
🎯 Mon défi pour vous :
Testez « l’université inversée » pendant 30 jours.
Au lieu de consommer passivement du contenu (cours, vidéos, podcasts), engagez-vous dans ce protocole :
1️⃣ Semaine 1 – Choisissez UN sujet complexe que vous ne maîtrisez pas. Utilisez Claude ou ChatGPT comme professeur particulier. Posez-lui 50 questions minimum.
2️⃣ Semaine 2 – Demandez à l’IA de vous créer un projet concret autour de ce sujet. Réalisez-le (article, prototype, présentation, code…).
3️⃣ Semaine 3 – Trouvez un humain expert du domaine (LinkedIn est parfait pour ça). Montrez-lui votre projet. Recueillez sa critique.
4️⃣ Semaine 4 – Enseignez ce que vous avez appris à quelqu’un d’autre. Filmez-vous ou écrivez un thread. Publiez-le.
Puis posez-vous la question : « Ai-je plus appris en 30 jours qu’en un semestre universitaire ? »
La réponse vous surprendra peut-être.
📚 Avez-vous lu ce livre ?
💬 Pensez-vous vraiment que l’université est condamnée ?
🤔 Ou suis-je en train de tomber dans le piège du techno-solutionniste ?
P.S. : Si vous avez des enfants lycéens ou étudiants, ce livre devrait être une lecture obligatoire. Pas pour suivre ses conclusions les yeux fermés, mais pour comprendre les forces qui vont redéfinir leur avenir professionnel.
Le pire serait de ne pas être préparé à cette conversation.