Depuis le 2 décembre 2015, après la fusillade de San Bernardino dans l’état de Californie qui a fait selon le dernier bilan 14 morts et 21 blessés, le FBI souhaite accéder aux données de l’iPhone de l’un des 2 auteurs de l’attentat. Impossible car l’iPhone est crypté et les données inaccessibles.
Qu’est-ce que le chiffrement ?
Le chiffrement est une méthode qui consiste à protéger des données ou des conversations, en les rendant illisibles de l’extérieur, et déverrouillables à l’aide d’une clé. Par exemple, les données personnelles contenues sur un iPhone peuvent être entièrement chiffrées, c’est-à-dire que seul le propriétaire peut y accéder avec sa clé.
Le FBI veut obliger la firme de Cupertino à casser son cryptage
La justice a enfin compris qu’Apple ne peut pas déchiffrer les données d’un iPhone récent. Pour une simple raison : l’entreprise ne possède pas de copie de la clé utilisée par le système, qui stockée en local, sur l’iPhone. Du coup, le FBI veut pouvoir cracker le mot de passe utilisé par Syed Farook. Le juge a donc demandé à Apple de désactiver l’effacement automatique des données qui intervient après dix essais.
Conséquences du chiffrement des smartphones
Selon la NSA, Le chiffrement a empêché la détection des attentats de Paris
Les terroristes du 13 novembre sont parvenus à déjouer la surveillance des agences de renseignement occidentales, et plus spécialement de la NSA.
Selon l’amiral Michael Rogers, « certaines communications » des terroristes étaient « chiffrées », c’est-à-dire illisibles pour des yeux extérieurs, empêchant, selon lui, son agence de renseignement de prévoir et d’empêcher les attaques qui ont fait 130 morts dans la capitale française.
Cette décision peut-elle avoir des conséquences plus générales ?
Apple n’est pas la seule entreprise à avoir mis en place le chiffrement, Google a également adopté des mesures similaires. Cette évolution technique inquiète les forces de l’ordre dans de nombreux pays, qui craignent ne plus pouvoir accéder au contenu des téléphones de suspects. Pour els diverses autorités, le chiffrement limite « radicalement » les capacités des enquêteurs, dans des affaires de terrorisme mais aussi de trafic de drogue ou de banditisme.
De leur côté, Apple et Google, mais aussi de nombreuses organisations des libertés individuelles, arguent que le chiffrement est la seule option efficace pour protéger les possesseurs de téléphones de la surveillance de masse. Si d’aventure, on obligeait les constructeurs à placer une porte d’entrée pour lire malgré le chiffrement le contenu d’un smartphone, celle-ci serait rapidement découverte et utilisée par des tiers, qu’il s’agisse de services de renseignements étrangers, de groupes mafieux ou de pirates informatiques.
Levée de bouclier face à cette demande
Tim Cook, l’actuel patron d’Appel, le répète « Installer une porte secrète » aurait « des conséquences effrayantes » pour tous les clients d’Apple.
Au sein de la Silicon Valley le débat fait rage et plusieurs grands noms font bloc derrière Appel, dont Google, WhatsApp et Microsoft et soutiennent Apple dans la « guerre du chiffrement »
Après les révélations d’Edward Snowden en 2013 sur la surveillance massive de la NSA, certains documents laissaient entendre que ces entreprises, parmi d’autres, collaboraient avec le programme de surveillance américain, ce qu’Apple et Google ont nié avec force.
Ces géants du Web avaient alors renforcé le chiffrement de leurs produits pour rassurer leurs utilisateurs sur la sécurité de leurs données personnelles.
Aujourd’hui, défendre Apple représente aussi, pour ces entreprises, un enjeu d’image pour montrer à leurs clients qu’ils protègent leurs données.
Google, la demande du FBI « pourrait compromettre la vie privée des utilisateurs »
Facebook : « Nous continuerons à combattre fermement » ce type de demandes
Le PDG de Twitter Jack Dorsey a lui aussi apporté son soutien à Apple dans un tweet. « Nous soutenons Tim Cook et Apple et le remercions pour son leadership ! »
Pour la fondation Mozilla, à l’origine notamment du navigateur Firefox, « La demande du FBI va trop loin, créant un inquiétant précédent.
WhatsApp : « Nos libertés personnelles sont en jeu »
Par contre, Donald Trump, le candidat aux primaires républicaines a demandé de boycotter les produits Apple tant que le constructeur ne donnerait pas les informations nécessaires au FBI pour débloquer l’iPhone du terroriste de San Bernardino.
Enfin, Mark Zuckerberg, le CEO de Facebook, s’est également positionné en faveur d’Apple. C’est depuis le MWC de Barcelone qu’il a exprimé son soutien : « Nous compatissons avec Apple dans cette affaire », a-t-il déclaré. « Nous croyons au chiffrement. Ce n’est pas une bonne chose d’essayer de bloquer le chiffrement sur des produits que les gens utilisent au quotidien. Je ne pense pas que ce soit la bonne politique à suivre. »
On laissera le mot de la fin à Edward Snowden : « Le FBI est en train créer un monde où les citoyens ont besoin d’Apple pour défendre leurs libertés. »
Apple a désormais jusqu’au 26 février pour apporter une réponse à la justice américaine.
Le débat n’est pas clos et nous en entendrons certainement encore beaucoup parler.