Facebook de retour sur le marché chinois ?
Interdit en Chine depuis 2009, Facebook a été, à l’époque jugé, par les autorités, non conforme aux règlements et aux lois du pays. En réalité, tous les médias diffusant des informations non contrôlées, sont considérés comme subversifs et donc bloqués par les autorités chinoises. C’est ainsi le cas de tous les réseaux sociaux, mais également de YouTube ou de la majorité des sites étrangers.
Mais depuis plusieurs semaines, des informations circulent dans certains médias américains sur l’intention de Facebook à faire son retour dans l’empire du milieu.
Un retour est-il possible ?
Mark Zuckerberg, le fondateur et patron du célèbre réseau social, ne ménage pas ses efforts pour amadouer les dirigeants du régime. Il s’est rendu plusieurs fois dans le pays, allant même jusqu’à faire un footing en mars dernier sur la place Tiananmen. Il a rencontré le président Xi Jinping et à même appris à parler Mandarin.
Le dossier est extrêmement sensible pour le réseau social, pris en étau entre les valeurs qu’il défend publiquement et l’immense opportunité commerciale que représente le marché chinois.
Un besoin de croissance oui mais…
Facebook en quête de croissance comme tous les acteurs économiques pourrait bien être confronté à un curieux dilemme dans les mois à venir : défendre la liberté d’expression d’un côté de la planète et la censure d’un autre côté…
Le blocus chinois représente un manque à gagner important. Aujourd’hui, 46% des Chinois ont accès à Internet, contre seulement 10% en 2006.
Pour revenir en Chine, Facebook a deux solutions : convaincre les autorités chinoises que l’accès à Facebook est sans danger, ou accepter les contraintes dictées par le Gouvernement.
Le réseau social compte aujourd’hui plus 1,7 milliard d’utilisateurs mais pourrait s’il devient compatible avec les exigences de la censure chinoise, compter quelques 700 millions d’internautes supplémentaire dans ses rangs.
Comment rendre Facebook compatible avec l’empire du milieu ?
Facebook a mis au point un système capable de censurer systématiquement et instantanément tous les contenus publiés dans une certaine zone géographique en les supprimant des flux d’actualités.
Pour ne pas assumer la responsabilité de la censure, Facebook la délèguerait à un tiers, probablement une société liée au gouvernement chinois. Le réseau social serait à ainsi à l’abri des critiques et pourrait se laver les mains de cette banalisation de la censure d’États.
Pour l’instant, rien n’est officiellement décidé. Le porte-parole de la firme rappelle que «Notre objectif est pour le moment d’aider les entreprises et développeurs chinois à conquérir de nouveaux marchés hors de Chine en utilisant notre plate-forme publicitaire».
C’est donc pour aider les chinois à travailler que Facebook envisage cette possibilité.
Le contrôle du contenu dans d’autre pays aussi ?
Facebook a pour pratique de respecter les législations locales et d’accéder aux demandes qu’il juge légitimes des gouvernements pour bloquer certaines informations après leur publication.
Facebook a ainsi restreint l’accès à des contenus à la demande des autorités dans une série de pays au deuxième semestre de 2015.
Cela concerne des contenus au Pakistan accusés d’enfreindre les lois locales sur le blasphème, ou en Russie, car ils violaient “l’intégrité de la Fédération russe et les lois locales qui interdisent des activités comme les émeutes publiques de masse et la promotion et la vente de drogue”.
En France aussi, des contenus ont été bloqué car ils ne respectaient pas les lois interdisant de nier l’holocauste ou de faire l’apologie du terrorisme, ou encore des publications contenant une image liée aux attaques terroristes de novembre 2015 à Paris parce qu’elles ne respectaient pas les règles nationales de protection de la dignité humaine.
Ce qui est nouveau avec le développement actuel de Facebook est de supprimer automatiquement des contenus dans les fils d’actualité des utilisateurs se trouvant dans une région spécifique.
En interne Facebook est en alerte…
En effet, « plusieurs employés » aurait ainsi démissionné en signe de protestation après avoir travaillé sur cet outil.
Je vous en parlais dans une précédente rubrique, après l’épisode polémique sur le rôle de Facebook dans les élections américaines, c’est la deuxième fois en peu de temps que le réseau social doit subir la fronde de ses employés.
Pour calmer le jeu, Mark Zuckerberg aurait en interne déclaré « Il vaut mieux que Facebook soit impliqué dans la diffusion de la conversation, même si ce n’est pas encore la conversation complète »
Il sera donc intéressant de surveiller les prochaines activités chinoises de Facebook.
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