Damien Riehl et Noah Rubin. Ces 2 noms ne vous disent probablement rien. Pourtant ces 2 musiciens et programmeurs viennent via un algorithme de générer toutes les mélodies possibles de la musique pop, soit pas moins de 68,7 milliards de mélodies et de les publier dans le domaine public. L’objectif de cette démarche est d’empêcher les violations de droits d’auteur et les procès qui s’ensuivent.
De nombreux cas de plagiat incompréhensible
Tom Petty accusant Sam Smith d’avoir copié I Won’t Back Down pour son hit Stay With Me, Robin Thicke et Pharrell Williams condamnés pour avoir plagié Marvin Gaye, Radiohead accusant Lana Del Rey d’avoir copié le titre Creep avec son Get Free, Christine and the Queens accusée d’avoir copié un logiciel dans son titre Damn, dis-moi… Même George Harrison avait été poursuivi par le groupe The Chiffons en raison des similitudes entre sa chanson My Sweet Lord et la chanson He’s So Fine. A l’époque, le tribunal avait alors conclu que le musicien avait involontairement plagié He’s So Fine. Bref, des accusations de plagiats à n’en plus finir et les procès à rallonge qui s’ensuivent deviennent une des plaies de l’industrie musicale.
Incertitude juridique sur les droits d’auteurs
Concrètement, les deux amis ont généré toutes les combinaisons mélodiques possibles sur une octave, soit sur 8 notes et 12 temps. En générant plus de 300 000 combinaisons par secondes, l’algorithme en a créé 68,7 milliards au total. Ils ont ensuite converti les morceaux au format MIDI. Au format MIDI les notes ne sont que des chiffres, qui sont peu ou pas protégés par les droits d’auteur. Ainsi, la mélodie do, ré, mi, ré, do, convertie en fichier MIDI devient 1, 2, 3, 2, 1. Difficile d’envisager un procès pour une suite de chiffres, affirme l’un des 2 protagoniste. Enfin, ils ont publié les mélodies sur le site Internet Archive sous licence Creative Commons Zero. Elles tombent donc dans le domaine public. En utilisant un de ces morceaux dans une chanson, un musicien ne pourrait donc théoriquement plus être poursuivi pour plagiat. Cependant, l’incertitude demeure. Rien n’indique que cet argument sera retenu devant les tribunaux. La législation des droits d’auteurs est très complexe et les ayants droits pourraient toujours argumenter et contrer cette innovation. Cette solution pourrait également faire vaciller la question des droits de propriété intellectuelle. Les futurs débats en la matière risquent d’être intéressant.
La fin de l’art humain ?
Les 600 Go de données sauvegardées ainsi que le code de l’algorithme sont aujourd’hui disponibles en open source ligne sur le web sur plateforme Github. Les 2 compères, Damien Riehl et Noah Rubin espèrent maintenant que d’autres vont élargir la gamme et s’attaquer au jazz et à la musique classique et rien n’empêche d’étendre cela à plusieurs octaves, afin de couvrir encore plus de possibilités.
Leur objectif des 2 acolytes est de stopper les poursuites pour plagiat, qui, selon eux, étouffent la liberté créative des musiciens et musiciennes.
D’un autre côté, l’artiste canadienne Grimes s’interrogeait dans un podcast si l’intelligence artificielle et les algorithmes n’allaient pas, à terme, d’ici dix, vingt ou trente ans, remplacer les artistes et mettre fin à l’art, à l’art humain.
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