Aujourd’hui, je vais vous parler du libre accès à l’information au travers d’un personnage peu connu mais combien emblématique, Aaron Swartz.
Mort à 26 ans, alors qu’il était poursuivi par le FBI, Aaron Swartz aura marqué l’histoire d’Internet.
Qui est Aaron Swartz ?
Aaron n’a pas contribué à la naissance d’Internet comme a pu le faire Tim Berners Lee, considéré comme le père du Web. Il est plutôt un architecte de la deuxième génération qui a contribué à rendre le Web plus ouvert.
Dès l’âge de 14 ans, Aaron participe à la création du RSS, une technologie qui permet de recevoir en direct les mises à jour des sites Web. Il contribue ensuite à la création de Reddit, qui aujourd’hui peut être considéré comme l’un des plus grands forums au monde.
Il a également fait partie de l’équipe ayant lancé les « Licences Creative Commons » permettant aux créateurs de contenus de distribuer librement leurs créations et enfin mis en place une plate-forme, SecureDrop qui offre aux lanceurs d’alerte la possibilité de fournir informations et documents aux journalistes de façon sécurisée. Plateforme aujourd’hui encore utilisée par Le New Yorker, le Washington Post ou le Guardian.
Pas rien que de la technique
Ce que nous a laissé Aaron Swartz ne réside pas seulement dans des technologies qu’il a contribué à mettre en place mais surtout su ses idées et son engagement politique.
Aaron était un militant de l’ouverture de l’accès aux données et a lancé un mouvement pour inciter les citoyens à contacter massivement les membres du congrès américain pour défendre différentes causes. C’est grâce à ce mouvement citoyen qu’il est parvenu en 2012 à faire chiter le très médiatique projet de loi antipiratage SOPA qui menaçait d’imposer d’importantes restrictions aux éditeurs de sites web.
Parti trop tôt
Le 11 janvier 2013, Aaron Swartz est retrouvé mort dans son appartement à l’âge de 26 ans. Harcelé par le FBI depuis 2 ans, il a décidé de mettre fin à ses jours.
La raison de cette fin tragique ? Aaron avait décidé de télécharger en masse des articles à connotation scientifique de la plate-forme payante JSTOR à partir des bâtiments du MIT (le célèbre Massaschusetts Institue of Technology) où ces documents étaient accessibles gratuitement.
Aaron défendait contre vent et marée l’idée que les connaissances scientifiques ou autres devaient être mises à disposition de tous et ne supportait pas le fait que ces informations soient « aux mains d’une poignée de sociétés privées » qui en profitent pour s’enrichir sur le « dos » des scientifiques.
Aaron appelait toutes les personnes ayant accès à ces ressources à les partager avec le reste du monde et ce dans une démarche d’impératif éthique. « Il faut nous emparer du savoir, ou qu’il soit, effectuer des copies et les partager avec le reste du monde »
Aucune preuve ne vient confirmer qu’Aaron Swartz comptait publier tous ces articles mais le FBI a malgré cela décidé de l’arrêter en 2011 puis de le libéré sous caution. La pression devenue trop importante, Aaron mis fin à ses jours en janvier 2013.
Icône internet
Sa mort en aura fait le premier « martyr » du réseau des réseaux.
Avant le devenu célèbre Edward Snowden, Aaron Swartz nous a montré que la surveillance du Web était une réalité et il s’était inquiété avant l’heure de la neutralité du Web. Son réseau d’amis qui a l’époque était resté silencieux sur l’affaire judiciaire qui était en cours a refusé de faire la même erreur et s’est mobilisé pour Chelsea Manning, cet ancien soldat qui avait transmis à Wikileaks des milliers de documents confidentiels de l’armée américaine que le site avait ensuite rendu publics. Condamnée à 35 ans de prison pour ces faits, Barak Obama sous la pression de ce groupe d’amis avait décidé 3 jours avant le fin de son mandat de lui accorder une réduction de peine l’autorisant à sortir fin mai de cette année 2017.
Chelsea est de la même génération qu’Aaron. Elle croit énormément à l’accès à l’information. Chelsea pourrait être dans les prochains mois le digne successeur d’Aaron Swartz.
Chronique diffusé sur l’antenne de BuzzRadio le 29 mars 2017 à 8h15