Vos données personnelles sont-elles bien protégées et pourquoi cet engouement pour celles-ci ?
Vos données ont une valeur économique importante pour bon nombre de sociétés mais sont aussi très prisées par les services de renseignement.
Votre vie privée est-elle en danger ?
Combien valez-vous réellement sur Facebook ?
Selon une étude réalisée par eMarkete, un utilisateur de Facebook rapporte en moyenne 11 euros par an au réseau social (aux Etats-Unis, on parle même de 42 euros par utilisateur). Avec un milliard 500 millions d’utilisateurs, les recettes publicitaires du réseau social se chiffrent à près de 16 milliards d’euro pour 2015.
L’intérêt de connaître au mieux un utilisateur permet un ciblage publicitaire de plus en plus précis et autorise Facebook à augmenter le prix de publicité en fonction. La collecte, le stockage et l’analyse de données est donc capital dans le monde en ligne et plus particulièrement dans celui des réseaux sociaux.
Les données mais aussi les photos, les vidéos …
Si on considère qu’un internaute poste au moins 10 photos par an sur son profile sur internet, ce qui est vraiment peu, et qu’une photo vaut au moins 3 euros cela nous fait plus de 40 milliards de d’euros par an soit en 20 ans plus de 800 milliards d’euros. On comprend dès lors l’enjeu pour avoir la mainmise sur un tel patrimoine.
Nos photos sont la nouvelle bibliothèque photographique du monde qui comptabilisera dans les 20 ans à venir plus de 260 milliards de photos.
Petit rappel
Quand on s’inscrit sur un réseau social on accepte d’accorder une licence non exclusive, transférable, sans redevance et mondiale pour l’utilisation des contenus de propriété intellectuelle que l’on publie …
« Pour le contenu protégé par des droits de propriété intellectuelle, comme les photos ou les vidéos (contenu de propriété intellectuelle), vous nous donnez expressément la permission suivante, conformément à vos paramètres de confidentialité et des applications : vous nous accordez une licence non exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour l’utilisation des contenus de propriété intellectuelle que vous publiez sur Facebook ou en relation avec Facebook (licence de propriété intellectuelle). »
Le 6 octobre, un Pearl Harbor numérique ?
Depuis l’an 2000, une décision de la Commission Européenne affirmait que le transfert de données personnelles d’Europe vers les Etats-Unis est possible car ce pays présente des garanties suffisantes pour la protection de la vie privée. C’est que l’on appelle le « Safe Harbor » ou la « sphère de sécurité »
Mis à mal par les révélations d’Edward Snowden, en 2013, sur les programmes de surveillance de masse de la NSA, le coup de grâce vient peut-être d’être donné par Max Schrems, un Autrichien qui a déposé plusieurs plaintes contre Facebook, estimant que sur base de ces révélations, les données personnelles des Européens n’étaient en fait pas protégées lorsqu’elles étaient stockées aux Etats-Unis.
Dans son arrêt rendu mardi dernier (6 octobre), la Cour de justice de l’union européenne estime que le « Safe Harbor » n’est pas conforme au droit européen.
La Cour a notamment estimé que les recours possibles pour les citoyens européens estimant leurs droits malmenés étaient beaucoup trop faibles. Elle juge également que les programmes de surveillance de masse des Etats-Unis sont incompatibles avec une protection adéquate des droits des citoyens européens.
Qu’est-ce que tout ceci signifie ?
Facebook, Google, Twitter, … peuvent-ils continuer de fonctionner en Europe ?
ou vont-t-ils devoir stocker les données des citoyens européens en Europe ?
Facebook tout comme Google ou tout autre entreprise qui stocke des données de citoyens européens aux Etats-Unis peut continuer à fonctionner comme il le faisait jusqu’à aujourd’hui, mais ces entreprises ne pourront plus s’abriter, en cas de procédure, derrière le fait qu’elles font partie du « Safe Harbor » et que ses flux de données entre l’Europe et l’Amérique sont présumés légaux.
Le « Safe Harbor » va-t-il être renégocié ?
Oui et la renégociation de cet accord est déjà en cours. Mais il sera difficile d’obtenir rapidement un accord qui puisse satisfaire les exigences de la Cour de Justice Européenne qui rappelle dans son arrêt que, pour obtenir un régime de ce type, un pays doit faire la preuve qu’il offre des garanties de protection de la vie privée comparables à celles en vigueur au sein de l’UE.
Cela signifie qu’il faudrait des changements majeurs dans le droit américain pour qu’un nouvel accord ne soit pas, à son tour, invalidé par la Cour.
On est donc en présence d’un flou juridique ouvrant la porte à toute une série d’actions judiciaires qui vont fleurir dans les mois à venir.
Cryptage des données
L’année dernière, un changement de taille a eu lieu dans le cryptage des données des utilisateurs. Ce changement a aussi rendu impossible le décryptage des données par les grandes agences de renseignement comme la NSA.
Depuis, la NSA fait pression pour que le gouvernement fédéral américain oblige l’installation d’un accès caché dans les systèmes de cryptage. Officiellement, ce n’est pas encore le cas.
Un bien pour notre vie privée ?
Ces deux éléments, le cryptage des données et l’arrêt de la cour de Justice Européenne sont pour le citoyen européen des signaux positifs mais la vigilance reste de mise.
La meilleure façon de protéger sa vie privée est de la garder privée. Il faut être donc être conscient que tout ce qui se dit, se montre, se partage, se commente sur un réseau social ou plus globalement sur Internet est une source d’information pour les publicitaires mais également des données pouvant servir à un état pour contrôler voire manipuler les individus.