C’est ce vendredi 1er novembre 2019 que la loi pour la mise en place d’un internet souverain russe (Le Runet) a été votée. Très controversé, ce système fermé devrait permettre à la Russie de basculer sur son internet maison, une sorte d’intranet national, en cas de cyberattaque massive, si elle se sent cyberattaquée, déstabilisée ou ne parvient plus à se connecter aux serveurs internationaux. Ce texte entré en vigueur pourrait également permettre au Kremlin de contrôler l’accès à internet, tout comme en Chine.
Pourquoi un tel système ?
Selon Julien Nocetti, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri), spécialiste de l’Internet russe, « En Russie, il y a une petite paranoïa sur un éventuel black-out venu de Chine ou des Etats-Unis ». Ce projet est dans les cartons russes depuis quelques années déjà : en 2015, des tests étaient réalisés pour isoler le « Runet », l’Internet russe.
Comment ça marche
Ce nouvel Internet repose sur deux volets principaux : le premier, c’est la reprise en main de l’attribution des noms de domaines russes. Ces attributions de noms sont gérées par l’Internet Corportation for Assigned Names and Numbers (ICANN), qui coordonne des agences dans le monde entier. Problème : l’institut est basé à Los Angeles. Trop américain pour la Russie, qui voudrait récupérer cette prérogative. Désormais, tous les sites en .ru et .su sont donc amenés à être gérés en Russie. L’autre volet, c’est la surveillance. Le gouvernement veut confier cette tâche à un organe unique : Roskomnadzor le CSA Russe, mais puissance 10.000.
La fin des libertés numériques en Russie ?
Ce projet inquiète les défenseurs des libertés numériques. En effet, de nombreuses organisations de défense des droits humains craignent que la loi ne permette la surveillance de masse et le contrôle de l’information, déguisé sous une forme de souveraineté de l’Internet russe. Certain craignent un Internet à la chinoise mais à la différence de la Chine, en Russie, les plateformes numériques sont créées par des individus privés, sans financement public. Comme l’explique le chercheur Julien Nocetti explique que « l’on sous-estime ce côté libre qui est présent dès le départ et qui fait aussi la fierté des Russes. » Cette liberté sera-t-elle conciliable avec les ambitions de la Russie ?
Difficile de savoir ce que cette loi changera réellement pour le quotidien des russes. Ce qui est certain, c’est que la Russie prouve toujours plus sa politique totalitaire.